Bonjour,
Ces versions sont différentes car elles ne traduisent pas le même texte grec : si l'on compare les plus anciens manuscrits, qui datent des premiers siècles de notre ère, on se rend compte que certains ont un texte grec traduit  "Tu es mon fils bien-aimé, en toi j'ai pris plaisir" (ainsi, par exemple, la Nouvelle Bible Segond [NBS]), tandis que d'autres manuscrits ont un texte grec traduit "Mon fils es-tu ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré" (ainsi, par exemple, la Traduction Œcuménique de la Bible [TOB]).
De telles variantes entre les manuscrits les plus anciens sont fréquentes, et c'est toute une science de les étudier, d'en comprendre l'origine et la raison. Dans le cas présent, vous avez repéré 2 lectures possibles (qu'on appelle "leçons") : (1) celle reprise par la NBS, et (2) celle reprise par la TOB.
La leçon n° 1 correspond aux parallèles de Matthieu 3,17 et Marc 1,11, qui relatent le même épisode et témoignent de la même expression. Pour la leçon n° 2, c'est du côté de l'Ancien Testament qu'il faut regarder : la version hébraïque massorétique (retenue par le judaïsme rabbinique) de Psaume 2,7 peut en effet être traduite : "Mon fils es-tu ; moi, aujourd'hui, je t'ai engendré". Sa version grecque ancienne (réalisée peu avant notre ère) traduit cette expression mot à mot, et on la retrouve telle quelle dans certains manuscrits grecs du Nouveau Testament en Luc 3,22.
Reste à savoir quelle leçon est la plus ancienne, et comment l'autre a été introduite. Était-ce la n° 1, sur la base des autres Évangiles ? Était-ce au contraire la n° 2 ? Testons ces deux hypothèses :
— Si c'est la n° 1 qui était primitive, un rédacteur aura peut-être voulu insérer cette citation du Psaume 2 pour présenter Jésus comme le Messie annoncé dans la Bible hébraïque (voir, dans le Psaume 2, le verset 6 etc).
— Si c'est la n° 2 qui était primitive, un rédacteur aura peut-être voulu corriger le texte pour le mettre en conformité à celui de Matthieu et de Marc. (On appelle cela une "harmonisation".)
Il n'est pas toujours facile de trancher entre ces diverses hypothèses, et c'est pourquoi les commentateurs et les traducteurs ne sont pas toujours d'accord. Dans tous les cas, cela nous pousse à la prudence et à l'humilité face au texte biblique, afin de ne pas lui faire violence en lui imposant une lecture unique. La Bible est pleine de richesses insoupçonnées !

On Wed, Apr 24, 2019 at 9:37 AM :

Bonjour Monsieur Langlois,

Je ne sais pas si vous vous rappelez de moi, je suis un étudiant à Hillsong en Australie et je vous avait envoyé un e-mail il y a maintenant quelques mois en arrière… bref, aujourd’hui je vous envoie un e-mail concernant un passage dans la Bible (version: TOB) car il est écrit dans le verset, quand Dieu parles: “Tu es mon fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré”

Je n’arrive pas à comprendre le sense de cette phrase car elle ne correspond pas non plus à d’autres traductions française ou aucune traduction en anglais ou il est écrit: “ you are my son in whom I am well pleased”

Pouvez-vous m’aider à comprendre le pourquoi de la décision de cette fassi. De traduire le texte et la signification s’il vous plaît?

Merci d’avance et désolé du dérangement

Bonne journée

One thought on “Que dit la voix en Luc 3,22 : je t’ai engendré, ou en toi j’ai pris plaisir ?

  1. Vos commentaires sur le verset Luc 3,22 me laissent sur ma faim d’homme sincère qui cherche la vérité sur la divinité ou la non-divinité de Jésus, raison pour laquelle je ne me qualifie pas de chrétien mais plutôt d’enfant de Dieu en quête de vérité.
    Si Dieu dit à Jésus “aujourd’hui je t’ai engendré ” cela confirme, dans mon esprit, que Jésus es né d’un père humain et est devenu fils de Dieu le jour de son baptême.
    Là je peux comprendre la personne de Jésus qui recoit son titre de fils de Dieu lorsqu’il recoit l’Esprit-Saint descendu sur lui comme une colombe au moment où retentissent les mots qui font de lui le fils.
    Je ne veux pas avoir raison, je voudrais avoir des raisons de croire en la divinité de Jésus à qui je demande tous les jours de pouvoir le renconter s’il est vivant aujourd’hui et s’il est avec nous (qui sommes sur la terre) comme il le dit le jour de son ascension (Mat 28,19).
    Si vous ne croyez pas en ma sincérité, ne me repondez pas, sinon aidez-moi à trouver la vérité, merci.

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