Bonsoir,
(1) La forme Malkiçèdèq peut en effet être interprétée comme une forme archaïque de l’état construit, avec voyelle de liaison i, d’où une traduction « roi de justice ». On peut aussi imaginer que le i soit un pronom suffixe, d’où une traduction « mon roi est justice ». On peut enfin imaginer que le nom fasse référence à un dieu dont le nom (ou le titre) est Malk (ou Mèlèk), auquel cas on peut traduire « Malk est justice », comparer Adoniçèdèq (voir par exemple Josué 10, auquel j’ai consacré un livre et dans lequel je discute de ce nom).
(2) Çèdèq et çdaqa désignent tous deux la « justice », c’est un phénomène courant en hébreu, comparer par exemple shir et shira qui désignent tous deux « chant ». D’ailleurs, en français aussi on a un masculin « chant » et un féminin « chanson ». L’usage de chaque terme peut bien sûr évoluer en fonction des lieux et des époques (ce qui fait par exemple qu’aujourd’hui en langage courant on utiliser plutôt le terme « chanson » que « chant »). Il faut donc faire une étude nuancée pour essayer de distinguer d’éventuelles nuances de sens ou d’usage, mais ce n’est pas toujours concluant.
(3) Le dictionnaire de Sander et Trénel date du XIXe siècle, il a donc plus d’un siècle de retard sur les travaux lexicologiques. Il ne tient notamment pas compte de découvertes majeures comme Ougarit ou Qumrân, sans parler des nombreux parallèles dans d’autres langues sémitiques comme l’akkadien ou l’éthiopien. Le seul dictionnaire français récent et complet est celui de Reymond. Pour trouver mieux, il faut se diriger vers l’allemand ou l’anglais avec des dictionnaires comme ceux de Köhler-Baumgartner ou Clines.
Bien cordialement
Michael.
On Thu, Mar 14, 2019 at 8:29 PM:
Bonsoir M. Langlois,
Je progresse doucement dans le cours d’hébreu du manuel et je me pose plusieurs questions.
>Je ne saisi pas la morphologie du mot Malchisedeq dans l’AT.
Je comprends que « malchi- » signifie « mon roi » et « tsedeq » signifie « justice, droiture ».
Malchisedeq signifierait donc « mon roi de justice » ou « mon roi est justice ».
Or dans plusieurs références, il est traduit par « roi de justice ». Si c’est le cas, alors « malchi » serait l’état construit de « melech »? Or je comprends que l’état construit de « melech » ne change pas le mot (car c’est un ségholé). On reste donc à « melech » pour l’état construit. Le roi de justice devrait être « melech sedeq ».
« malki » serait-il une forme archaïque de l’état construit?> Quelle est la différence entre sedeq et sedeqah qui semble vouloir dire « justice » tout les deux?
>Dans une librairie, je suis tombé sur le dictionnaire hébreu-français de Sander/Trenel qui est compact et bien fourni.
Me le recommanderiez-vous en comparaison des 2 autres dictionnaires référencés dans le manuel (Reymond et Koehler/Baumgartner)?Je vous remercie.
Bien cordialement