La sortie de la Bibliothèque de Qumrân (et accessoirement du Premier manuscrit du Livre d’Hénoch) est signalée par un article de La Croix du 29 octobre 2008.

Au cas où l’article ne serait plus en ligne, il est disponible ci-dessous (ou en pièce jointe) :

La « Bibliothèque de Qumrân » sort son premier volume

Soixante ans après leur découverte, les manuscrits de la mer Morte commencent à être publiés en version française

A gauche, le texte original, en hébreu ou en araméen. Sur la page de droite, la traduction française. Pour la première fois, une publication scientifique des écrits de Qumrân présente le texte en français des manuscrits découverts à partir de 1947 au bord de la mer Morte.

C’est en 2003, deux ans après que l’équipe internationale chargée de la publication des écrits avait achevé son travail, qu’André Paul, l’un des grands spécialistes français de Qumrân, proposait aux éditions du Cerf d’en publier une version française. L’une des premières leçons de cette parution est de montrer combien les textes de Qumrân débordent notre seule Bible.

Le premier volume, publié ces jours-ci et qui rassemble les écrits se rapportant à la Genèse, est éloquent: 70 manuscrits (sans compter certaines copies de la Genèse non retenues dans l’ouvrage car ne s’écartant pas des manuscrits déjà connus), soit 650 fragments ou colonnes de textes, 3 800 lignes de textes originaux…

Des récits, comme les traditions araméennes autour de Noé et du Déluge, qui montrent bien le foisonnement de la littérature biblique au tournant du Ier siècle de notre ère. Textes apocryphes? «La pertinence de ce genre de formule est aujourd’hui de plus en plus contestée, estime André Paul. Jusqu’à la fin du Ier siècle de notre ère, il n’existait ni liste véritable, ni constitution physique d’une quelconque collection de livres saints. Les notions de vrai et de faux, d’authentique et d’inauthentique, appliquées aux textes sacrés, n’avaient pas cours.»

En témoigne le Livre d’Hénoch, cité plusieurs fois dans la Bible ou par les pères de l’Église et reconnu comme canonique par l’Église éthiopienne. Un jeune chercheur franco-américain, Michaël Langlois, qui vient d’achever une thèse remarquée à l’École pratique des hautes études (1), en a assuré la traduction.

Dans son travail, cet ingénieur en informatique de formation n’a pas hésité à utiliser les technologies nouvelles. «Méthodes et outils ne sont plus aujourd’hui ce qu’ils étaient à l’heure des pionniers. On est invité à conjuguer les méthodes traditionnelles d’approche d’un texte avec de nouvelles technologies au service de l’épigraphie», reconnaît André Paul.

Pour l’accompagner dans la publication des neuf volumes, le responsable de la collection s’est entouré d’une jeune équipe: sept de ces chercheurs ont moins de 35 ans, dont Katell Berthelot, chercheuse au CNRS et codirectrice de la publication.

«Je fais presque figure d’ancien», sourit le troisième codirecteur, Thierry Legrand, maître de conférences à Strasbourg. Cette jeunesse, qui signe par ailleurs l’émergence d’une nouvelle génération dans les études épigraphiques et philologiques, explique aussi la relative rapidité (trois ans) entre le début des travaux et la première publication, malgré le gros travail méthodologique nécessaire avant le premier volume. Le prochain tome devrait paraître dans un an.

NICOLAS SENÈZE

(1) Le Premier manuscrit du Livre d’Hénoch. Étude épigraphique et philologique des fragments araméens de 4Q201 à Qumrân. Préface d’André Lemaire (éd. du Cerf, 608p., 44€).

J’en profite pour signaler que je ne suis pas « ingénieur en informatique »; je suis titulaire d’un DEUG en Mathématiques, Informatique et Applications aux Sciences, et d’une licence en Mathématiques fondamentales avec une option en informatique. Mais ce n’est pas la faute du journaliste, Nicolas Senèze, qui a simplement repris les propos d’André Paul lors de la conférence de présentation du projet. Cela explique les quelques autres erreurs qui se sont glissées dans l’article.

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