Mon nouveau livre vient de paraître ! Il s’agit d’une étude approfondie des témoins textuels de Josué 10 : texte hébreu massorétique, version grecque des Septante et recensions ultérieures, sans oublier un nouveau déchiffrement des fragments hébreux découverts à Qumrân !
Tout cela me permet de proposer une reconstruction originale de l’histoire textuelle de ce chapitre… Un voyage au cœur de la Bible !
Voici un résumé de l’ouvrage :
Le livre de Josué relate l’établissement du peuple d’Israël en terre promise après l’Exode. Il occupe une place toute particulière au sein de la Bible hébraïque : d’une part, il prolonge et achève le récit de l’Exode laissé en suspens par la mort de Moïse juste avant l’arrivée en terre promise ; d’autre part, il amorce une nouvelle phase de l’histoire d’Israël, celle de l’occupation de la terre promise jusqu’à la déportation à Babylone. Josué se trouve ainsi au cœur de nombreux débats théologiques portant sur la dimension historique de ces récits de conquête ou la rédaction de la Bible hébraïque — Pentateuque, Hexateuque, Historiographie deutéronomiste, Prophètes antérieurs, etc.
Face à de tels enjeux, une approche philologique basée sur une étude approfondie du texte s’avère indispensable. En comparant les différents témoins et traditions textuels, en analysant le vocabulaire, la syntaxe et la structure littéraire, en mettant à profit les nouvelles données et méthodes épigraphiques, on peut parvenir à une meilleure compréhension de cette œuvre majeure et confronter les résultats obtenus aux théories actuelles. C’est une tâche ambitieuse, que nous proposons de réaliser en nous focalisant sur un élément clef du livre de Josué : la campagne militaire méridionale.
Je lis dans la présentation du livre : (le livre de) « Josué se trouve ainsi au cœur de nombreux débats théologiques portant sur la dimension historique de ces récits de conquête ou la rédaction de la Bible hébraïque ».
Ô combien l’enjeu est important ! Lire ou réentendre les polémiques virulentes et contestées (parfois contestables) qu’ont donné lieu les travaux récents des archéologues « minimalistes » Israël Finkelstein et Neil Asher Silberman publiés en 2002 : cf. La Bible dévoilée (livre + DVD).
Je dis « minimaliste » car, comme on peut le lire ailleurs, il en a résulté une remise en question de l’historicité d’une grande part des récits bibliques, notamment sur l’origine des anciens Israélites, l’Exode et la conquête de Canaan, ainsi que sur les royaumes unifiés de David et Salomon, rien que ça ! Bonjour le raffut dans le Landerneau historico-religieux 🙂
Finkelstein & Silberman reprochent aux premiers archéologues (cf. William F. Albright, à partir de 1900) de n’avoir recherché en chaque découverte qu’une illustration du texte biblique, et d’avoir pris les récits historiques de la Bible à la lettre : on a appelé cette façon de faire « l’archéologie biblique ». Ce n’est qu’à partir de 1970 que les méthodes relevant des sciences sociales, se sont peu à peu imposées, en sus des datations au carbone 14 (technique pas forcément fiable, reste la thermoluminescence).
Si aucun archéologue ne nie que nombre de légendes, de personnages et de fragments de récits de la Bible remontent fort loin dans le temps, il reste que la rédaction de la Bible s’est faite dans les circonstances politiques, sociales et spirituelles d’un État pleinement constitué, avec une alphabétisation répandue, à l’apogée du royaume de Juda, à l’âge du Fer récent, à l’époque du roi Josias. De là à dire qu’une épopée nationale ait été « reformulée » il n’y a qu’un pas !
« Le texte de Josué 10 » calmera-t-il le débat en éclairant ce qui apparaît parfois obscur, voire carrément antinomique ? Vais me procurer « Josué » dès que possible 🙂