Bonjour,

Seule la prononciation de la dernière voyelle reste inconnue : é, a, ou u/o.

La prononciation Yahwé est attestée durant les premiers siècles de notre ère (par une translittération grecque), et la voyelle « é » concorde avec l’interprétation qui est faite du tétragramme par le rédacteur de Exode 3,14-15 (qui met en parallèle les noms propres Éhyé et Yahwé). C’est pour cela que c’est la prononciation habituelle du tétragramme ; mais cela ne veut pas dire qu’il s’agissait de la prononciation originale, qui a fort bien pu être Yahwa ou Yahwu/Yahwo.

En ce qui concerne les noms propres bibliques en général, ceux-ci n’ont pas été simplement traduits en français, mais ont été transmis en grec, puis en latin, jusqu’au français. C’est pour cela que le français conserve parfois des voyelles primitives (perdues depuis en hébreu massorétique), cependant que certaines consonnes (telles que le son « sh » ou les gutturales) ont été perdues. Il y a donc des avantages et des inconvénients des deux côtés…

Cordialement,
Michael Langlois.

 

2015-04-24 19:55 GMT+02:00 :

Bonjour,
j’aurais aimé connaître votre point de vue sur
la prononciation du
« tetragramme ».
On m’a dit que « Yawheh » (« Yawé ») semble être
probable.
Est-ce vraiment du domaine de la spéculation ou
pouvons-nous en
être « plutôt sûr » voire « sûr »?
Par la même occasion, concernant les noms propres
en général,
seriez-vous de mon avis si je dis que les
traducteurs auraient dû
garder la prononciation de la langue originelle?
Merci beaucoup !
Cordialement,

3 commentaires sur “Quelle est la prononciation exacte du tétragramme ?

  1. J’ai fait une longue recherche sur la prononciation du nom de Dieu, en voici une petite synthèse en 4 points :

    a) Le nom de 4 lettres est aussi appelé « chem ha-mephorach » ou tétragramme.
    Il n’est connu que de certains comment il doit être prononcé et par quelle voyelle devait être mue chacune de ses lettres et si une de ses lettres devait être redoublée parmi celles qui sont susceptibles de l’être.
    Lié à la prononciation, il y a un enseignement de l’idée en vue de laquelle ce nom a été composé et qui comporte un mystère divin.
    Moïse Maïmonide, dans son Guide des égarés, insiste bien sur le fait que seul ce nom (tétragramme) indique expressément l’essence de Dieu sans association d’aucune autre idée et ne se lit pas selon ses lettres. Les autres noms étant soit emphatiques, soit dérivés de ses attributs
    Ce nom « tétragrammate » ne devait être prononcé que dans le sanctuaire, et particulièrement par les prêtres sanctifiés à l’Éternel, dans la bénédiction sacerdotale, et par le grand prêtre au jour du jeûne.

    b) Plusieurs prononciations sont possibles qui renvoient, comme l’a souligné M. LANGLOIS, au verbe « être » conjugué.
    Dans l’exemple de M. LANGLOIS, ce verbe est conjugué au futur :  » hèḣ’yèḣ ».
    Il fait référence à : Dans Exode Chapitre III verset 14
    וַיֹּאמֶר אֱלֹהִימ אֶל־משֶׁה . אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה .
    Vayyomèŕ hēloḣiym hèl-mochèḣ , hèḣ’yèḣ hᾱchèŕ hèḣ’yèḣ
    Dieu dit à Moïse : « Je serai qui je serai ! » (traduit faussement par : je suis qui je suis)
    וַיֹּאמֶֶר כֹּה תֹאמַר לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל . אֶהְיֶה שְׁלָחַנִי אֲלֵיכֶמ ׃
    Vayyohmèŕ koh ƨohmaŕ liv’néy yiçŕȧhél , hèḣ’yèḣ chelȧĥaniy hᾱleykĥèm
    et il ajouta : ainsi parleras-tu aux enfants d’Israël : « Je serais » m’a délégué auprès de vous.

    c) Pour information nous avons ainsi :
    Le verbe être ( היה ou לִהיוֹת liḣyôt) conjugué :
    J’étais : הָיִיתִ ḣȧyiytiy
    Je suis : הוֹוָה (féminin) ḣôwȧḣ et הוֹוֶה (masculin) ḣôwèḣ
    Je serai : אֶהְיֶה hèḣ’yèḣ
    Sois הֱיִי (féminin) ḣēyiy et הֱיַה (masculin) ḣēyéyḣ
    Le rappel de cette conjugaison n’est pas anodine.
    Genèse, Chapitre I Verset 27
    « Dieu créa l’homme à son image; c’est à l’image de Dieu qu’il le créa. Mâle et femelle il les créa ».
    וַיִּבְרָא אֱלֹהִים | אֶת־הָאָדָם בְּצַלְמוֹ בְּצֶלֶם אֱלֹהִים בָרָא אֹתוֹ זָכָר וּנְקֵבָה בָרָא אֹתָם
    vayivŕȧh hēloḣiym | hèƨ-ḣȧhȧdȧm betsal’mo betsèlèm hēloḣiym bȧrȧh hoƨô zȧkĥȧŕ oûnek’vȧḣ vȧŕȧh hoƨȧm
    Le problème est donc de conjuguer le verbe être au féminin ou au masculin…
    C’est ainsi qu’est apparu le mot « Jéhovah » : Jé puis « hovah » (suis au féminin).

    d)Les racines hébraïques donnent :
    יָהּ yȧḣḣ est la manifestation de l’être, l’Être éternel
    יָו yȧw est ce qui est compréhensif (sens de comprendre)
    הוֹ ḣô évoque la puissance de ce qui existe à l’état abstrait, prêt à se manifester
    וָה wȧḣ est la tension émotionnelle douloureuse
    הִי ḣiy exprime les contraintes de la vie, gémissement
    Le mot « allélouiah » = « loué soit Dieu » semble indiquer que le début du nom comporte la voyelle a.
    Les voyelles ne sont donc pas forcément dans l’ordre où elles sont écrites en hébreu : יְהוָֹה.
    La tradition juive renvoie la prononciation du tétragramme au mot : אֲדֹנָי ᾱdônȧy, ajoutant ainsi un second yod (final) qui n’existe pas dans le tétragramme mais qui , à mon avis, pourrait être une forme au futur…

    Mais ces explications ne vous seront utiles que si vous vous intéressez aux subtilités de la langue hébraïque biblique où un wav peut être conversif et transformer un futur en passé qui dure.
    Ce wav change le sens et nous en trouvons des traces en anglais et en français :
    East (Est en anglais) avec ajout d’un W donne West (Ouest en anglais). Mais c’est tout aussi parlant en français puisque le son W correspond à « ou ».
    Man(homme en anglais) et Woman (femme en anglais).
    Le vav (6ème lettre de l’alphabet hébraïque) correspondant au f de l’alphabet latin, se retrouve en latin derrière les racines H/MN de ho-minis, hominem (génitif et accusatif de homo) et F/MN de fémina qui a donné « féminin ».

    1. ok pour je serai, mais dans le sens : « je deviendrai », verbe devenir ou se révéler, par rapport à ce qu’il fait et fera pour les humains, et qu’il pourront lui attribuer. le verbe être au sens strict n’a pas de sens en sémitique, on ne l’utilise pas, car l’existence va de soi.

  2. La traduction de M. Langlois correspond à celle que j’ai trouvée dans un ouvrage de Fabre d’Olivet : « La langue hébraïque restituée » (sorte de bible interlinéaire) mais la réponse à Moïse serait : « Je suis qui je serai », ce qui permet bien des extrapolations théologiques, mêmes ontologiques.

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