Notre équipe vient de publier un article dans lequel nous expliquons pourquoi nous estimons que certains manuscrits de la mer Morte de la collection Schøyen sont des faux.

Dès 2013, alors que je procédais à un examen des caractéristiques matérielles et scribales de ces fragments, j’ai suspecté la présence de fraudes, ravivant ainsi des doutes que j’avais exprimés en privé dès 2006 et lors d’une publication en 2008. Après un second examen en 2014, j’ai alerté mes collègues ; certains d’entre eux était initialement sceptiques, mais ont accepté d’enquêter et, après des examens complémentaires, ont rejoint mes conclusions. Neuf fragments furent exclus de l’édition qui était alors en préparation — quoique je ne fusse pas d’accord avec cette décision, dans la mesure où j’estimais que davantage de fragments étaient des faux.

On nous demanda de ne pas ébruiter l’affaire, et en 2015 j’ai même proposé un plan pour identifier le ou les faussaires. Je n’ai hélas pas obtenu les soutiens nécessaires ; pire, j’ai vu sur Internet des photographies de fragments présentant les mêmes caractéristiques douteuses dans d’autres collections privées. Lorsque j’ai été contacté par Nina Burleigh, une journaliste préparant un article pour Newsweek, j’ai décidé de rompre le silence et de lui parler de ces fraudes.

J’en ai parlé à d’autres journalistes et collègues et, lorsque l’affaire a été suffisamment connue, les organisateurs du colloque international de la Society of Biblical Literature (SBL) ont décidé de consacrer une session à ces fraudes.

Entre temps, nous avons écrit un article pour expliquer comment et pourquoi nous pensons que ces fragments sont des faux. Celui-ci vient de paraître et je vous invite à le lire ci-dessous :

Kipp Davis et alii, “Nine Dubious ‘Dead Sea Scrolls’ Fragments from the Twenty-First Century,” Dead Sea Discoveries 24/2 (2017), p. 189-228.

Comme je l’ai dit dans notre livre et à Berlin, je pense que d’autres fragments de la collection Schøyen sont des faux et que tous les fragments du Musée de la Bible (MOTB) publiés dans l’ouvrage dirigé par Emanuel Tov, Kipp Davis et alii sont des faux. Cela pourrait bien être le cas d’autres collections, quoique pour l’heure seules les collections Schøyen et MOTB m’aient fourni (au moins) des photographies haute résolution couleurs et infrarouges de leurs fragments.

Affaire à suivre ! Il y aura du nouveau dans les prochains mois… 😉

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MISE À JOUR: Jetez un coup d’œil à cette courte vidéo de présentation :

10 commentaires sur “Neuf fragments de “manuscrits de la mer Morte” douteux apparus au XXIe siècle

  1. Quelle aventure !!! La fraude (textes dits « sacrés » ou littérature profane) est un lucratif business ! Affaire à suivre avec imparience ; on se croirait dans une enquête aussi rocambolesque que celle du « Codex d’Alep ». Bravo pour tes talents de « fake killer », Mr. Indiana Michael Langlois 🙂

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